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Ordinaire 11 Année B

ORDINAIRE  - 11 - B

Le “Règne de Dieu” ! C’est un beau thème... une belle  espérance... un grand projet.... Au temps de Jésus, parler du “Règne de Dieu”, c’était comme parler des semi-finales du Canadien à la coupe Stanley. En effet, tout le monde cherchait les signes de ce règne. Tout le monde espérait que Dieu agisse une fois pour toutes en faveur de son peuple et qu’il le libère des grandes puissances politiques du monde. De tout temps, le peuple juif avait célébré, même en se méprenant souvent sur les actions de Dieu, son amour pour le monde et son projet en faveur de la vie humaine. Alors, chacun avait sa petite idée sur la façon dont Dieu s’y prendrait pour faire advenir son règne. On attendait donc un Messie à l’image du règne qu’on espérait.
 
Le “Règne de Dieu” ne pouvait donc arriver que par une volonté et un geste de puissance. Dieu est tout-puissant alors il va bien, un jour, décider d’anéantir le mal et imposer la paix et la prospérité de son peuple. On comprend bien alors, que lorsque Jésus abordait ce sujet, il savait qu’il devait commencer par “déconstruire” l’idée que les gens se faisaient de ce règne, puisque lui, Jésus, connaissait le genre de Dieu que Dieu est. Il savait que la force et la puissance n’étaient pas les attributs, les caractéristiques de Dieu.
 
De nos jours, la situation ou le décor ne sont pas tout-à-fait les mêmes. Dans notre monde, dans notre société, dans nos familles, qui parle encore du “règne de Dieu” ? Qui espère encore que la volonté de Dieu soit faite sur la terre comme au ciel, comme on le dit si souvent dans notre prière ? De nos jours, espérer un monde meilleur, c’est beaucoup plus chercher à combler nos désirs que d’ouvrir notre coeur à un bonheur universel.
 
Alors, de nos jours aussi, Jésus a un travail de déconstruction à faire au niveau de l’idée qu’on se fait du bonheur ou du règne de Dieu. C’est pourquoi, ces bonnes vieilles paraboles sont toujours d’actualité. C’est pourquoi, nous avons encore à apprendre des comparaisons que Jésus dessine pour nous dans l’imaginaire de nos coeurs. Les paraboles sont là pour nous aider à saisir les joies et les espoirs que Dieu veut semer dans nos vies et dans le monde afin d’en faire un lieu plus humain, un lieu plus juste et plus sain.
 
Jésus ne fait pas de théologie. Il nous parle de semences, de récoltes. Il nous invite à contempler l’oeuvre de la création. Dans cette oeuvre, la Parole de Dieu est présente et agissante. Jésus nous dit que le règne de Dieu, c’est comme un homme qui jette en terre la semence... Or, que fait Jésus sinon parler au coeur des gens comme un semeur qui jette la semence en terre ? Or, si c’est un homme qui le fait..... cet homme pourrait être n’importe qui..... vous, lui, elle, moi, nous... La semence, c’est une parole qui produit du fruit. Mais voilà, le fruit se forme, grandit, mûrit et s’offre à la récolte sans que le semeur ne sache trop comment cela se fait. Le semeur a semé..... le reste du processus pourrait bien appartenir à Dieu puisqu’on ne sait pas comment la semence se transforme !
 
Le règne de Dieu, nous dit Jésus est comme une graine de moutarde ! Elle est la plus petite de toutes les semences ! Et pourtant, elle produit la plus grande plante du potager ! Le règne de Dieu est comparable à ce qu’il y a de plus petit et qui produit ce qu’on ne saurait jamais espéré... 
 
Une même parabole en deux tableaux, pourrait-on dire. Jésus, l’horticulteur, le cultivateur, l’agriculteur ! Des images tirées de la vie de tous les jours. Une sagesse qui est à la portée des personnes qui savent contempler, regarder, s’imprégner de la vie et de la nature. 
 
Que nous dit Jésus du règne de Dieu ? Il nous dit que  l’espérance est le moteur de la construction de ce règne. Il nous dit que la confiance est ce que Dieu recherche le plus en nous. Lui faire confiance, mettre en lui notre espérance comme l’enfant met sa confiance, son espérance dans le coeur de ses parents. Il nous demande de faire comme lui, semer la Parole, mais de ne pas s’en faire si le fruit ne semble pas venir, si le fruit nous surprend, si le fruit se fait attendre. La semence lève, germe et grandit, on ne sait comment. “D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, plus l’épi, enfin du blé plein l’épi.” Le règne de Dieu c’est l’oeuvre de Dieu. Oeuvre à laquelle nous participons en tant que semeurs. Cela dit, cela fait, la Parole agit en produisant du fruit. 
 
Mais comment se fait-il qu’on ne voit pas encore la réalisation de ce Règne de Dieu ? Voilà le deuxième tableau. Le règne de Dieu est comme une graine de moutarde... la plus petite des semences. C’est sans doute la partie de l’enseignement de Jésus qui lui cause le plus de problème. Dieu se sert de ce qui est petit, faible, vulnérable. La plus petite des semences. Mais Dieu n’est-il pas le Seigneur des armées, le fort, le vaillant, le guerrier victorieux ? Mais où Jésus a-t-il pris cette idée-là de choisir ce qui est petit pour construire son  royaume ? 
 
Les idées de hommes ne sont pas celles de Dieu. Combien de fois dans la Bible cet enseignement a-t-il été donné ? Dieu, nous dit le prophète Élie, ne se manifeste pas dans des phénomènes de puissance comme des vents destructeurs, des tremblements de terre, des feux ravageurs.... sur la montagne, Élie reconnaît la présence de Dieu dans le murmure d’une brise légère... Rien de fort, de menaçant. La caresse d’une brise légère ! C’est Dieu qui passe !
 
Dieu a un plan; il veut dire au monde la plus grande des nouvelles.... Qui choisit-il ? Le plus petit des peuples de la terre. Il choisit les Hébreux. (Une graine de moutarde) Pour parler aux Hébreux, qui choisit-il ? Un homme bègue, petit.... Moïse. Il portera la Parole de Dieu à tout l’univers. (Une graine de moutarde !) Dieu fera de ce petit peuple une grande nation sur la terre. Qui choisit-il ? Un couple stérile. Abraham et Sara. (Une graine de moutarde) Israël risque d’être détruit par une grande puissance, les Philistins. Qui choisit-il pour combattre Goliath ? Un petit berger, nommé David. (Une graine de moutarde)
 
C’est étonnant comme Dieu choisit toujours ce qui est petit, faible, vulnérable pour accomplir de grandes choses. Loin de lui, le goût de la puissance, le désir de domination, le projet d’anéantir et de punir. 
 
Alors, ce fameux règne de Dieu ? Peut-être pas étonnant qu’il n’arrive pas comme une bombe sur Hiroshima. Peut-être pas étonnant qu’il ne se manifeste que dans l’humilité et la lumière de l’amour. 
 
Le règne de Dieu .... vous, les paroissiens et paroissiennes de St-Paul, est-ce que vous l’espérez ? Avez-vous le goût d’y participer ? Il pourrait être bien différent de ce que vous attendez... Le règne de Dieu ne pourra surgir que de la mort de la graine mise en terre. Il ne pourra advenir que de cette parole que vous pouvez semer dans l’humilité et qui produira un fruit de lumière et de paix. Quand vous direz le “Notre Père”, en disant, “que ton règne vienne”, ouvrez vos coeurs à l’inattendu de Dieu. Cela vous fera du bien. Peut-être accepterez-vous aussi d’être une graine de moutarde pour permettre à Dieu d’accomplir de grandes choses !
 
 
Le lien graine de moutarde et Ancien Testament est une idée originale de Marie Noëlle Thabut.
 
 
Yves